While we’re young : la déception
« Les journaux parlent de While we’re young, de Noah Baumbach, comme du film de l’été. L’affiche très comédie romantique me rebute un peu. Mon amie journaliste irait-elle en éclaireur ? ». Requête de P.
La presse dit aussi que Noah Baumbach est « le plus talentueux héritier de Woody Allen ». Tu en conclues ami lecteur que ses films sont névrosés et un peu rigolos, et qu’ils se passent à New-York : c’est ça.
Ton amie journaliste avait bien aimé Les Berkman se séparent, histoire d’un divorce où l’ado de la famille fait croire à tout le monde (parents, amis, proviseur…) qu’il a écrit la chanson Hey you, des Pink Floyd. J’avais encore plus aimé Frances Ha : la fille de 27 ans qui n’arrive pas à faire le deuil de sa relation fusionnelle avec sa meilleure amie, ça m’avait parlé.
Dans While we’re young, Josh (Ben Stiller) et Cornelia (Naomi Watts) ont la quarantaine, et pas d’enfant. Quand ils rencontrent Jamie (Adam Driver) et Darby, 25 ans, ils ont l’impression de trouver un nouveau souffle. Cornelia se met au hip-hop, Josh achète un chapeau et un vélo, ils discutent cinéma et ils prennent de l’ayahuasca.
Ton amie journaliste se sent assez solidaire de cette problématique amicale dite « du cul entre deux chaises ». Dans mon monde comme dans la Bible, Moïse a ouvert la mer, et mis d’un côté les couples qui pondent comme si c’était la chose la plus évidente du monde, et de l’autre ceux qui s’allument la tête en sniffant/avalant/fumant tout ce qu’ils trouvent (j’ai vu un pote fumer un cachet de codéine). Ton amie journaliste n’a ni envie d’arrêter la pilule, ni envie de perdre toutes ses dents, et se tient au milieu de la tranchée. Avec son pote Moïse.
Mais le problème de While we’re young, c’est que ce n’est pas bien (#CritiqueCinéDeQualité). C’est toujours un peu à côté, un peu exagéré, un peu caricatural. On a envie d’adhérer… mais on ne peut pas. Par ailleurs, les personnages féminins sont absolument creux. Dénuées d’aspiration professionnelle, dépourvues de personnalité, les deux blondes sont des faire-valoirs de leurs hommes en quête de gloire et de pouvoir.
Ami lecteur, ma prescription serait de regarder Annie Hall, de Woody Allen, et éventuellement d’enquiller sur la première saison de Girls, pour voir Adam Driver dans un rôle qui donne vraiment envie de s’installer dans son lit à Brooklyn. Et le tour sera joué.