Tu t’appeleras Julie, mon fils
Ami lecteur, soyons lucides. En ces temps de coupe du monde de rugby, il est possible que tu sois confronté à une conversation sur le sujet.
Une fois que tu auras loué la performance de l'équipe du Japon, et commenté la troublante photo de Sylvain Potard dans la dernière édition du calendrier "Les dieux du stade", tu seras bien embêté. Pas de panique.
Ton amie journaliste, qui s'est retrouvée de force devant un match, en a appris de belles : le commentateur a évoqué un joueur samoan dont tous les frères taquinent, comme lui, le ballon ovale. Tous, sauf le troisième, que ses parents auraient appelé "Julie" et décidé d'élever comme une fille.
Renseignement pris, il s'agirait d'une fantaisie typiquement polynésienne.
Jaiyah Saelua, joueuse de foot transgenre, explique le concept : "Chez nous, quand les garçons naissent dans des familles où il y a trop de mâles, l'un ou plusieurs d'entre nous sont choisis par les parents pour être éduqués comme des filles et s'occuper ainsi, entre autres, des tâches ménagères. J'ai donc reçu une éducation de fille". Si l'on considère, bien sûr, qu'une "éducation de fille" (étrange concept) consiste à apprendre à laver le linge. Mais ne chipotons pas : si un vrai garçon se mettait à passer la serpillère on n'y comprendrait plus rien.
Une fois devenus adultes, ceux que l'on appelle les "fa'afafine" décident ce qu'ils veulent faire, redevenir un vrai mec nom-de-dieu, ou rester transgenre. Sympa. S'il le souhaite, Julie va donc enfin pouvoir se mettre au rugby.