Stan Smith : pourquoi ?
« Stan Smith : pourquoi ? » Requête de Lilas
Amie lectrice, ta question me plonge dans de terrifiants abysses métaphysiques. Je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi des dizaines de milliers de personnes se sont mises, en même temps, à acheter des Stan Smith de chez Adidas.
Car ce billet doit commencer par une confession : si je ne possède pas de Stan Smith, c’est uniquement parce que la France est en rupture de stock.
Je suis allée au Printemps et aux Galeries Lafayette, à Paris et à Strasbourg. J’ai écumé les boutiques ; partout, on me conseillait de venir à l’ouverture du magasin pour avoir une "petite chance". Le jour où j’ai finalement renoncé au modèle classique, devenu introuvable, pour jeter mon dévolu sur une paire « craquelée » (comme ça), j’ai réalisé à la caisse que je n’avais pas ma carte bleue. Dans le métro qui me ramenait chez moi, triste et dépitée, j’ai compté treize paires de Stan Smith. En neuf stations. Ca a été la goutte d’eau, amie lectrice. Qu’est-ce qui me prenait, bon sang ?
Le compte Instagram Stansmithophobe, qui photographie les hordes de Stan Smith qui piétinent les trottoirs parisiens, répond à la question assez simplement : je serais un mouton. Pour des raisons évidentes, cette explication me laisse sur ma faim. Je peux même trouver un argument objectif pour ma défense : je trouve qu'elles font une jolie cheville. Sauf que je n’en avais rien à tamponner il y a encore six mois.
Alors, je veux bien que la marque ait suscité l’envie en retirant la chaussure du marché, je veux bien qu’il y ait une part de mimétisme… Mais tout ceci n’élucide que partiellement le mystère. Un même objet qui plaît, au même moment, à des milliers de personnes différentes.
La Stan Smith a dû toucher un nerf, faire vibrer une corde. Peut-être qu’avoir des baskets blanches, c’est revenir à la quintessence de la basket ? Faire l'éloge de la simplicité retrouvée ? Faire la synthèse entre la mode et Pierre Rabhi ? Peut-être que c’est la matérialisation de nos contradictions, nous qui sommes prêts à courir les magasins et à dépenser 100 € pour « rester simples » ?
Du coup, j’ai acheté des AirMax. Blanches.