Qui est caché dans la télé pour cafter ce qu’on regarde ?
« Comment est (vraiment) mesuré l’audimat ? » Requête d’Augustine
Amie lectrice, dans ton mail de requête, tu fais état d’une angoisse qui frôle la paranoïa : « C'est-y pas qu'on nous espionne par je ne sais quel dispositif technique dont on ne nous dirait pas grand chose pour pas nous inquiéter... ? ». Avant tout, calme-toi (nom de Dieu, tu vas nous faire un ulcère).
Pour y voir plus clair, ton amie journaliste a passé un coup de fil chez Mediamétrie, où une dame charmante m’a proposé de m’inviter à déjeuner pour m’expliquer le merdier « tranquillement ». Sans être une excitée du complotisme, j’ai trouvé ça chelou ; je peux parfaitement me concentrer sur une démonstration sans être alimentée en même temps.
En attendant, mon interlocutrice a concédé à me donner quelques éléments, que je te transmets sur le champ. Les mesures d’audience sont collectées à partir d’un panel de 5 000 foyers, parfaitement représentatif de la population : « une mini France », qu’elle a dit, la dame.
Les foyers sélectionnés sont équipés d’un audimètre, une petite boite qui ressemble à une box Internet. Sur la télécommande, chaque membre de la famille dispose de son propre bouton : Papa est prié de s’identifier avant de regarder son programme, histoire qu’on ne pense pas que c’est lui qui s’éclate devant Télétubbies. #logique
A trois heures du matin, toutes les infos collectées par les audimètres sont envoyées à des serveurs qui moulinent toute la nuit pour pouvoir communiquer les résultats d’audience tous les jours à neuf heures.
Les panélistes sont recrutés au hasard, en fonction des critères de représentativité de la population. On leur passe un coup de fil, on leur propose, et ils disent oui ou merde. J’ai demandé si on savait à quel point la présence d’un audimètre modifiait les comportements des téléspectateurs (si par exemple les gens se mettaient à regarder Arte nuit et jour). La dame m’a répondu que oui peut-être au début, mais qu’après 15 jours, « le naturel reprend le dessus », et Cyril Hanouna redevient le roi du pétrole.
Ce qui est intéressant -on y vient-, c’est que les panélistes signent un contrat de confidentialité. Ils n’ont pas le droit de parler de leur audimètre, c’est leur petit secret à eux. Ceci pour éviter d’être influencés par qui que ce soit, voire d’être corrompus par des patrons de télé sans scrupule qui les arroseraient de cadeaux pour qu’ils bloquent leur télécommande sur leur chaîne.
Ce qui explique sans doute le caractère mystérieux de ces mesures d’audience. Pour conclure amie lectrice, personne n’est caché dans ton téléviseur, tu peux continuer à regarder Arte tranquille.