Qui décide des journées mondiales ?
"Qui décide de toutes les journées mondiales ? Est-ce qu'il y a un organisme qui a validé la journée mondiale du rangement de bureau (21 mars, ndlr) ? Comment ça se passe ?"
Requête de Basile, curieux par nature.
Excellente question, ami lecteur. Parce qu'effectivement, il en existe un paquet. D'après le site www.journée-mondiale.com, qui les recense méthodiquement depuis 10 ans, il y aurait 445 journées européenne, mondiale ou internationale, soit 80 de plus que de jours dans une année. Voilà qui donne un premier indice sur la manière dont ces festivités sont décrétées : n'importe comment. « Il n’y a pas de règle, pas de label, pas d’instance décisionnelle. Cela n’a rien d’officiel », explique Vincent Tondeux, le maniaque à l'origine du site. Déception.
Comme moi, ami lecteur, tu imaginais un comité d'experts venus de tous les pays, assis en rang d'oignons, écoutant patiemment Monique dérouler ses arguments en faveur de la journée de la gentillesse. Elle aurait produit les témoignages de gens gentils (Louis XVI, Charles Bovary, Hélène Rollès), elle aurait défendu avec ardeur la réhabilitation de cette valeur injustement moquée, et le jury, la larme à l’œil, aurait fini par dire : banco. Après consultation du grand calendrier affiché dans la salle de délibération, les sages auraient décidé que le 13 novembre de chaque année serait dédié à la célébration de la gentillesse (sans savoir que de son côté, Salah Abdeslam avait une autre idée en tête pour le même jour) (conflit d'agenda, ça arrive aux meilleurs).
En réalité, chacun fait ce qu'il veut. Un type qui devait s'ennuyer sec un dimanche après-midi a décrété la journée mondiale du coloriage (6 mai). Il y a aussi la journée du hamburger, celle de l’œuf, celle du lait... Si tu veux ami lecteur, tu peux dès maintenant décider que le 12 mai sera désormais la journée mondiale de ton cul. En réalité, tout se joue sur l'intérêt médiatique que tu arriveras à susciter autour de ton initiative.
Car, soyons honnêtes, l'inflation du nombre de journées mondiales tient à l'excitation absurde des journalistes pour ce qu'ils appellent "l'actu". Quand tu proposes un sujet en conférence de rédaction, on te demande toujours s'"il y a une actu ?". Si tu réponds "eh bien oui, précisément : c'est la journée mondiale de mon cul", on t'accordera la place que tu demandes. Parce que c'est dans l'actu.
Évidemment, c'est plus facile quand l'initiateur de la journée jouit d'une certaine autorité : celles qui sont décrétées par l'Onu ou l'Unesco ont davantage de chance d'être relayées par la presse. Ceux qui défendent des grandes causes, comme la lutte contre le tabac (31 mai) ou la prévention du suicide (10 septembre) partent aussi avec un avantage non négligeable (si on compare à ton idée qui, franchement, de moi à toi, est un peu limite). Mais crois-moi que la maison d'édition qui a lancé la journée mondiale de la procrastination il y a six ans avait uniquement en tête de vendre le bouquin qu'elle s'apprêtait à mettre en rayons (Demain, c'est bien aussi : ouvrage sur la procrastination #astuce).
Ami lecteur, tente l'expérience, lance-toi. Des journalistes en galère d'idées t'aideront peut-être à devenir une star. Mais garde en tête que la journée internationale du pull de Noël existe déjà (12 décembre).
ils sont où les autres articles j’en vois que trois ?
c’est dommage…
Sur le site http://www.monamiejournaliste.com !
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