#PassionCoulisses : les petits-déjeuners Presse
Partant du principe que les journalistes sont des gens débordés, les entreprises organisent souvent des petits-déjeuners presse.
En général il s’agit de communiquer les résultats d’un sondage. Par exemple, un fournisseur de meubles de bureau (qui préfère se qualifier de "créateur d'éco-systèmes de travail") présente une étude neuroscientifique sur le cerveau ; le lien étant que le cerveau a besoin de faire des pauses, et qu'il faut donc aménager des espaces à cet effet dans les bureaux.#Astuce
Les types espèrent bien sûr que le journaliste va citer le nom de la boîte qui a allongé les thunes pour éclairer nos lanternes. En l'occurrence j'ai bien retenu le coup des pauses, mais j'ai oublié le nom de l'entreprise.
Mais le vrai problème, ce n'est pas ce que le grand capital veut nous faire dire. C’est que ton amie journaliste n’a pas encore dépassé le stade des viennoiseries gratos. Devant cette abondance de jus, de café, de croissants, il m’est extrêmement difficile de penser à autre chose qu’à bouffer.
Les autres journalistes ne semblent pas avoir ce problème. Peut-être qu’ils ont participé à tant de petit-déjeuners qu’ils ont fini par se lasser des viennoiseries. Peut-être qu’ils ne veulent pas laisser penser qu’ils sont si facilement corruptibles. Ou peut-être qu’ils n’ont pas faim le matin ; en tous cas leur sang-froid force l'admiration.
Pour moi, c’est un calvaire, une avalanche de questions insolubles m’empêche de me concentrer sur le message. Si je mange plus de trois croissants, est-ce que je vais être repérée ? Que faire des deux tonnes de miettes qui jonchent la table devant moi ? Si je les balaie du revers de la main, je ne fais que déplacer le problème. Si je les aspire comme je fais chez moi, à la manière d'un fourmiller, on ne m'invitera plus. Et bien sûr : comment tenir un stylo quand on a les mains grasses -les serviettes en papier ne suffisant pas toujours- ? Dur métier.