#PassionCoulisses
Ami lecteur, quand tu te trouves devant un dos de kiosque, il peut t'arriver de t'interroger : "Mais comment ont-ils pu avoir une idée aussi con ? ". Sache que la fabrication d'un journal répond à des mécanismes énigmatiques, même pour ceux qui y travaillent. Ainsi, une conférence de rédaction est jalonnée d'interventions à la sémantique étrange. Exemples.
> "Ça se raconte ". Lorsque l'on a rien à dire sur un sujet, que l'on s'est fait bacher par toutes nos sources, il se trouve toujours quelqu'un pour affirmer que "ça se raconte ". C'est à dire que même quand on n'a rien à raconter, on peut très bien faire un papier pour raconter qu'on est à poil. Le sous-texte, bien entendu, c'est que si personne n'a voulu nous parler, c'est bien qu'on nous cache des choses, et le lecteur a absolument le droit de savoir qu'on ne sait rien.
> "Tu vas nous faire ça avec beaucoup de fraîcheur ". En journalisme, la "fraicheur" est synonyme d'ignorance crasse. Traduction : "Tu y connais que dalle, mais je ne sais pas à qui d'autre m'adresser".
> "Ça monte sur les réseaux sociaux " (variante érudite : "Ça monte sur les réseaux sociétaux"). Traduction : "En professionnel de la presse, j'ai passé deux heures sur Twitter : tout le monde en parle, donc je panique, et j'exige qu'on en parle aussi. Même si l'on a rien à dire".