Marineland en eaux troubles (#TitreDeQualité)
#PassionActu : Marineland -37 millions de chiffre d’affaires en 2014 -, a rouvert ses portes lundi 21 mars. Depuis qu’une vague de boue avait envahi installations et bassins en octobre dernier, le parc, situé à Antibes, était fermé.
A l’époque, les naïfs avaient évoqué un « orage cévenol » qui avait frappé toute la région PACA. Foutaises. Il s’agissait bien sûr d’une vengeance divine contre Marineland.
Quand ton amie journaliste était petite (attention anecdote), mes grands-parents ont cru me faire plaisir en m’emmenant là-bas. Si tu as la chance de n’y avoir jamais foutu les pieds, sache que l’attraction principale consiste en des orques exécutant des sauts périlleux sur une musique assourdissante, digne d’une discothèque de station de ski.
Ami lecteur, j’étais horrifiée. On me présentait comme festif un spectacle humiliant pour mes amis cétacés et contre-nature ; je n’arrêtais pas de demander à ma grand-mère où habitaient les orques quand le show était fini, tant il était impensable qu’elles (oui car on dit « une » orque) puissent vivre H24 dans une piscine. Et bien, ami lecteur, Marineland a beau fêter sa réouverture avec Christian Estrosi, le vent est peut-être en train de tourner.
En 2013, le documentaire américain Blackfish a raconté comment l’orque Tilikum a été rendu maboule par ses années de captivité dans des parcs aquatiques. Au point qu’en 2010, en plein spectacle « Jean-Michel-Jarre du pauvre », il a bouffé sa dresseuse. SeaWorld a expliqué que l’animal avait attrapé sa queue de cheval « pour jouer ».
Sauf que le rapport d’autopsie la décrit scalpée et lacérée, victime de fractures des vertèbres et de dislocations variées, précisant pour finir que le bras de la victime n’a jamais été retrouvé. Sacré déconneur, ce Tilikum. Dans les mois suivants la diffusion du film, le titre Seaworld a perdu 30 % de sa valeur en bourse. Mieux, le parc vient d’annoncer qu’il renonçait non seulement aux spectacles débiles, mais aussi à l’élevage. Les orques qui vivent aujourd’hui à SeaWorld seront donc les dernières.
En France, les manifestations devant Marineland se multiplient et une plainte en justice a été déposée contre le parc pour « actes de cruauté » et « maltraitance ». Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet du tribunal de Grasse.
Ni une ni deux, ton amie journaliste a contacté une des asso plaignantes, C’est Assez ! (dont nous saluons au passage l’astucieux jeu de mots). J'ai rencontré Christine (qui ne porte pas de cuir et ne mange pas de viande). Bon, le problème avec les défenseurs des animaux, c’est qu’ils ont tendance à parler de leurs protégés comme s’il s’agissait d’humains. Ce qui rend les conversations un peu décousues.
« - De toutes façons, Valentin n’était plus le même depuis la mort de Freya. - Qui ça ? - Valentin, l’orque. - Ah oui. Et il ne s’est pas remis de la mort de … ? - Freya. Sa maman orque. »
Valentin, donc, est mort en octobre dernier d’une « torsion de l’intestin », d’après Marineland. Curieux hasard de calendrier, puisque c’était quelques jours après la tempête (divine). Les animaux marins ont nagé dans une eau glauque contaminée aux hydrocarbures : de quoi tordre l’intestin des plus vaillants.
« De toutes façons, la première des violences, c'est la captivité » martèle Christine. Effectivement, les orques doivent faire 1400 tours de bassin par jour pour couvrir la même distance qu’en milieu naturel. Dans leurs bassins chlorés et désespérément dépourvus d’animation, elles perdent leurs dents et développent des maladies inédites (type « torsion de l’intestin »).
« La ministre de l’Écologie Ségolène Royal a promis de modifier la législation. Nous allons le lui rappeler ! », ajoute Christine. Ton amie journaliste s’associe à ce combat en téléphonant régulièrement au cabinet de Ségolène Royal… Qui pour l’instant n’a pas répondu. En Europe, quatorze pays ont déjà interdit les delphinariums.