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Le sport, l’avenir du capitalisme


"Mon amie journaliste, j'apprends par mon neveu, qui se demande quoi faire de sa peau après son bac, que la filière STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives, ndlr) est blindée, saturée, plus courue qu'un concert de Madonna. Comment est-ce possible ? Pourquoi veulent-ils tous devenir profs de sport, d'un coup ?" Requête de S., perplexe.

Ami lecteur, sache avant tout que toutes les facs débordent : il y a 65 000 étudiants de plus que l'an dernier.  Va donc jeter un œil à ce Tumblr intitulé "Ma salle de cours va craquer", c'est édifiant.

Il n'en reste pas moins que nous sommes face à un phénomène de société préoccupant. Inutile de se voiler la face : les jeunes se passionnent pour le sport.

En quatre ans, le nombre d'étudiants en 1ère année de licence STAPS a progressé de 45%. Les "stapsiens" (c'est comme ça qu'on dit) en ont ras les crampons de se marcher les uns sur les autres : la semaine dernière, ils ont même manifesté pour exprimer leur ardent désir d'étudier le sport dans de meilleures conditions. 

Ton amie journaliste, qui aurait vendu sa mère pour s'éviter un tour de stade, et son père pour que personne ne découvre à la piscine que son opulente poitrine était l'effet d'un push-up en mousse, a voulu élucider ce mystère.

Réponse du sociologue Dominique Bodin : "Le succès de la filière STAPS reflète les préoccupations de notre société : quand la société est en crise, quand elle va mal, elle se tourne vers le plaisir et les loisirs".

Angoissés par un avenir incertain, les bacheliers sont comme tout le monde, ils se disent qu'un footing leur fera du bien. Malheureusement, la vie étant pleine de désillusions, les activités sportives ne représentent que 20% de la formation dispensée en STAPS. En 2ème année, quand les étudiants percutent, ils sont nombreux à prendre la tangente. Ne restent que les vrais.

Les stapsiens ne deviennent pas tous profs de sport, ami lecteur. Ils organisent des événements sportifs (licence "management"), ils imaginent et dessinent les baskets du futur (licence "ergonomie"), ils font transpirer les vieux pour qu'ils deviennent vieux moins vite (licence "Activité Physique Adaptée et Santé"). Il y a des débouchés ; il faut simplement être prêt à être payé 1300 € par mois (salaire médian des stapsiens après deux ans d'expérience).

Le sport est la dernière idéologie unanimement plébiscitée. Des hordes d'aspirants marathoniens défoncés aux endorphines éructent dans les parcs. Les grandes messes mondiales de type Jeux Olympiques résistent à tous les scandales. La Fifa pourrait violer un bébé phoque en direct que les Coupes du monde atteindraient toujours des records d'audience. Le sport est l'avenir du capitalisme : ami lecteur, ton neveu a tout compris.



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