Le quinoa : la graine qui fout le merdier
« Pourquoi le prix du quinoa a-t-il flambé ces 12 derniers mois ? » Requête d’Anaïs Amie lectrice, dans le mail que tu m’a envoyé pour formuler ta requête, tes derniers mots étaient les suivants : « Sujet peu entrainant, voire peut-être chiant ». Et j’étais à deux doigts d’être d’accord avec toi, la vérité.
Quelques jours (semaines, bon) et recherches plus tard, je te dis : merci ! Le quinoa, c’est toutes les contradictions occidentales incarnées dans une plante (oui car ce n’est pas une céréale). Si le prix a flambé, c’est parce que la demande a explosé (ton amie journaliste est une flèche en économie). Le quinoa, produit neuf et sexy, a séduit tout ce que notre société compte de névrosés de la bouffe : ceux qui ne mangent pas de viande, ceux qui pensent qu’ils sont intolérants au gluten, les alter-mondialistes qui veulent soutenir les petits producteurs locaux, les aspirantes anorexiques, et j’en passe. Ça fait un paquet de monde.
Si bien que les cultivateurs boliviens de l’Altiplano, principaux producteurs de quinoa, se sont retrouvés dépassés par le phénomène. Les mecs se sont mis à intensifier leurs cultures, au point de considérablement appauvrir leurs sols, qui n’étaient déjà pas très vaillants. Le quinoa a provoqué des conflits territoriaux, les producteurs cherchant à gagner du terrain pour répondre à la demande.
Ils ont même dégagé les éleveurs de lamas, ce qui pose un vrai problème : le lama est un maillon essentiel de la grande chaîne de la vie, car son fumier fertilise les sols.
Tout ça pour dire, amie lectrice, que même quand on cherche à avoir un mode de vie sain et responsable, on fout le merdier. Funeste constat.
Après discussion avec un professionnel de la graine germée ayant officié chez Max Havelaar, il semble néanmoins qu’on ait évité la guerre mondiale et que les problèmes se soient tassés. Ici un schéma recommandé par le spécialiste, qui résume bien la situation. Les Boliviens ont arrêté de chercher à devenir Monsanto pour répondre à nos pulsions bien-être. Ce qui explique, amie lectrice, que tu payes désormais beaucoup plus cher tes envies d’être quelqu’un de bien.