Le Hooligan Volant
Pour susciter l’intérêt des lecteurs, le journaliste moderne se doit de faire preuve de créativité. Le titre appétissant d’un article -souvent décevant- a le potentiel de faire d’un vieux marronnier la breaking news de la journée (une étude parue aujourd’hui révèle d’ailleurs que plus de 70% des articles partagés sur les réseaux sociaux n’ont pas été lus par ceux qui les diffusent, mais choisis seulement pour leur titres ; les auteurs de l’étude ont piégé les internautes avec des titres tapageurs d’articles qui ne contenaient que du faux texte ; drôle).
Pour se faire remarquer dans le torrent d'infos qui nous submerge, le journaliste innove, il se lance des défis : celui qui a conceptualisé la « génération boomerang » pour définir la génération Y, fauchée, qui revient crécher chez ses parents baby-boomers, ne devait pas être peu fier dans les couloirs de sa rédaction.
L'entrée du jour de notre dictionnaire amoureux du néologisme journalistique m’a charmé par sa poésie évocatrice :
Le Hooligan Volant (nom masculin) - se dit d’une brute épaisse néonazie, crâne rasé et trouble-fête du ballon rond, qui malgré son expulsion du territoire français (on ne rigole pas avec le plan anti-terroriste) se prend en selfie hier soir dans les gradins du stade de Toulouse. Il franchit les frontières imperméables de l’état d’urgence avec l’aisance d’une mouette migrante.
Créé pour qualifier Alexandre Chpryguine, grand manitou du hooliganisme russe, néo-nazi notoire et grand ami de Vladimir Poutine.
J'aurais adoré rendre hommage au journaliste inspiré, mais comme à sa mauvaise habitude, la Nouvelle Édition, où j'ai entendu le terme, n'a pas daigné citer sa source...
L'auteur
Carte de demandeur d’emploi en poche, Ton ami chômeur peut s'envoyer un film sud-coréen à la séance de 10H, puis flâner avec négligence dans une expo d’art contemporain à 25 balles.
Rends-lui service, envoie-le en mission en lui soumettant tes requêtes.
Ses billets précédents :
La Petite femelle, de Philippe Jaenada
Les bienfaits de l'Ayahuasca, sans les désagréments
Se réconcilier avec la SF post-apocalyptique