femelle

La chronique de ton ami chômeur


La petite femelle, de Philippe Jaenada Par Ton ami chômeur

Je suis assez certain de faire mouche en te conseillant de ne pas te décourager à la vue (et la pesée) du pavé. 706 pages : pas loin d'un kilo.

L'auteur s'est penché, et pas qu'un peu, sur un fait divers d'après guerre (la seconde) qui a défrayé la chronique et inspiré par exemple à Clouzot le film La vérité, avec Brigitte Bardot.

Encore aujourd'hui, de nombreux ouvrages, documentaires et Faites entrer l'accusé traitent inlassablement de l’affaire. Tous avec le même verdict : celui qui avait été rendu par la justice, confirmant l'opinion générale, elle­-même guidée par une couverture unanime de la presse de l’époque (amplitude médiatique comparable sur l'échelle de Richter au séisme de l'affaire DSK).

Les faits sont pourtant plutôt communs : le meurtre perpétré par Pauline Dubuisson, une parfaite inconnue, sur un ex­-petit-­ami. Le livre est un portrait de cette jeune fille de 20 ans, que tous s'accordent à qualifier de méga­salope, accusent de coucher avec l'occupant allemand et d'user sans scrupules de ses (grands) charmes pour parvenir à ses fins.

Jaeneda a réalisé une enquête incroyablement documentée, honnête, et remet en branle une affaire qui jusqu'alors ne laissait aucune place au doute. C'est le portrait formidable d'une féministe. Jaeneda s’interdit la fiction, et pourtant c'est bien un roman, passionnante et précise description de l’absurdité d'un emballement médiatico-­judiciaire.

Et surtout c'est drôle. Très très drôle. Jaenada entrelace le tout par des digressions savoureuses, un art de la parenthèse jouissif, une sensibilité rare et un humour de bâtard.

MAC-6



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