« Je vais passer, ouais », le tic de langage venu de l’enfer
Après "pas de souci", "j'avoue" ou encore "entre guillemets", continuons notre exploration des tics de langage qui nous font du mal. « - Tu viens ce soir à l’anniversaire de Patrick ? - Je vais passer, ouais ».
Submergés par le nombre de possibilités qui s’offrent à nous, nous sommes désormais incapables d’arrêter notre choix sur un lieu et un groupe d’individus définis. Grand prince, nous concédons à notre interlocuteur un « passage », un vague coucou dont il devra se satisfaire sans moufter.
Évidemment, le « je vais passer ouais » s’accommode mal d’un horaire ; on peut l’attendre toute la nuit. Parfois, il ne vient même jamais, perché qu’il était sur sa promesse à deux balles.
La banalité du « je vais passer, ouais » ne doit pas nous en faire oublier la violence : « Écoute Bidule, je suis très sollicité. L’anniversaire de Patrick, j’ai pas que ça à foutre. J’ai énormément d’amis, et laisse-moi te dire qu’ils sont tous plus cools que votre petite bande de tocards. Mais comme je suis quelqu’un de sympa, et que j’ai bien conscience que la fête serait ratée sans moi, je vais vous octroyer une demi-heure dans ma soirée de jet-setter de la hype. Ne me remercie pas ».
Depuis que ton amie journaliste a remarqué l’incroyable popularité de cette locution en forme de gros « fuck », j’essaie modestement de changer le cours de l’histoire en demandant : « Tu ne veux pas venir plutôt ? ». Et si, en face, la personne ne comprend pas où je veux en venir et répète « je t’ai dit que j’allais passer », je lutte avec ardeur pour ne pas laisser échapper des remarques un poil agressives (« Qu’est-ce que t’as de mieux à faire espèce de plouc arrogant ? Tu veux te laisser une porte de sortie au cas où l'assistance ne serait pas à ta hauteur ? Ou bien te pointer quand t’auras écumé tes autres options pour vider les culs de bouteille à 2H du mat ? )».
Bon. Tous ceux qui manient cette funeste expression ne sont pas des ordures. C’est un tic. Mais un tic dont le sous-texte est agressif, et symptomatique d’une sale manie : celle qui consiste à survoler les choses (et les gens) en refusant obstinément toute forme d’engagement. Même pour deux heures un samedi soir. Pourtant, vivre c’est choisir (je termine là-dessus) (#Bim).
Juste, excellent. Bref, juste excellent 😉
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