javoue

« J’avoue ». Mais quoi, au juste ?


Suite de l'examen de nos tics de langage. Aujourd'hui : "j'avoue". 

Fais le test, ami lecteur. Prête une oreille discrète à nos conversations, et compte le nombre de "j'avoue". On se croirait dans un interrogatoire de la Gestapo. Tout le monde avoue, sans qu'on sache très bien quoi, puisque le verbe est traité en mode intransitif. J'avoue, un point c'est tout. 

"J'avoue" a remplacé "oui", "je suis d'accord", et même "c'est clair" -que l'on croyait bien installé-. Avec "j'avoue", nous donnons l'impression que nous avons âprement résisté avant d'admettre notre assentiment. De guerre lasse, et devant la puissance des arguments avancés, nous rendons les armes.

Pourtant, une démonstration relativement faible peut parfois mener à des aveux tout aussi poignants. Exemple : "- J'ai faim. - J'avoue". Qui, ici, signifie : "Moi aussi".

Heureusement que Jean Moulin était plus coriace.

(Dessin de Jiho et texte parus dans Marianne #975)



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