Arrêter de manger permet-il de trouver le sens de la vie ?
« Le jeûne a-t-il un intérêt pour l'organisme ? Si oui, lequel ? » Requête de Benjamine
Amie lectrice, quand j'ai lu ton mail, je me suis dit "banco, je vais faire un jeûne, je vais perdre trois kilos, ça va être super ". Puis, je me suis souvenue que j'avais déjà tenté cette expérience, qui m'avait conduite tout droit au fond du seau de la dépression : j'en avais parlé ici. Du coup, avec le courage qui me caractérise, j'ai fait appel à ma vénérée prof de yoga et lui ai collé le bébé dans les pattes. Ta requête a donc été traitée par Fanny, dont voici le texte :
J'ai un amour profond pour l'ordre et la propreté. Un psy te dirait que je suis névrosée. Mais au moins mes cheveux sont toujours propres et ma maison bien rangée. Ces dernières années, mon intérêt s'est tourné vers la propreté de mon dedans. J'ai testé moult cures de nettoyage - du foie, des intestins, du côlon - jusqu'à finalement faire l'expérience du stade ultime de la purification : le jeûne.
Depuis sept mois, je traînais une grave inflammation dans le dos qui me pourrissait la vie jour et nuit. Devenue border dépressive, j'ai choisi de partir pour une semaine de « jeûne et randonnée ». En absence de nourriture, le corps s'attaque d'abord aux réserves naturelles, puis aux cellules malades. Certains ont bien soigné des diabètes de type 2 ou même des cancers avec cette technique, alors pourquoi pas une inflammation ?
J'ai donc passé sept jours à boire beaaaaaaaucoup d'eau et un bouillon de légumes chaque soir. Alors oui, j'ai eu des maux de tête, des étourdissements et une langue de poney au réveil. Mais non, je n'ai pas eu faim ni manqué d'énergie. J'ai même marché cinq heures par jour en me sentant plus vivante que jamais.
Alors à quoi ça ressemble une semaine sans manger ? Et bien, déjà, on ne fait plus caca, et ça, c'est quand même chelou. On réalise à quel point nos vies sont rythmées par les repas et on se demande pourquoi. On découvre qu'on mange trop souvent par réflexe, par habitude ou par ennui, et non par plaisir ou besoin. Mais surtout on fait l'expérience d'une véritable sensation de plénitude liée au fait d'être simplement là, sans attente (de la pause déj'), à profiter de chaque instant.
Bon. Au bout de sept jours d'extase quasi mystique à faire des mots fléchés et à envoyer des SMS illuminés sur le sens de la vie à tout mon entourage, je me suis quand même dit que tremper son doigt dans un pot de Nutella, c'était aussi ça la vie - et qu'avoir les joues creuses de ma grand-mère à 33 ans commençait à me faire flipper.
Résultat, je suis rentrée en ayant remis les compteurs - physique et émotionnel - à zéro, presque totalement guérie de mon inflammation, avec un tonus et une joie que je n'avais jamais connus auparavant. Je ne mange plus le matin parce qu'en fait j'ai soif et pas faim et, victoire suprême, je dors à nouveau sur le dos et je refais du vélo.