Coiffeur 1 – Daech 0
Ami lecteur, permets-moi de partager une observation : je crois qu’après les attaques de Paris, nous avons été nombreuses à nous couper les cheveux. Si. Je t’assure.
En l’absence de données statistiques fiables, mon hypothèse se fonde sur l’observation de mes camarades femelles et de moi-même. Il y a un mois, je suis passée au court. Une coupe qualifiée de "dynamique" par une observatrice (une remarque dont je n'ai pas su quoi penser, avant qu'on me dise que c'était très Natalie Imbruglia 1997, le dynamisme capillaire).
Trois jours plus tard, débarque mon amie Fanny avec la même tête de petit garçon. Idem chez ma consœur Nadia qui affiche fièrement ses mini-cheveux sur sa photo de profil Twitter ; là-dessus Marine me dit que c’est incroyable parce qu’Anne a fait pareil, ainsi qu’une telle et une autre telle, BREF nous avons massivement coupé nos cheveux (je t'ai convaincu).
J’ai un souvenir assez net du moment, mi-novembre, où j’ai voulu reprendre le contrôle, sur quelque chose, n’importe quoi. Après une réflexion brève mais intense, j’ai réalisé que je n’avais de pouvoir immédiatement accessible que sur ce qui m’appartient : mon corps. J’aurais pu opter pour l’augmentation mammaire. Ou, comme beaucoup de gens, pour le tatouage (mais pas en Tour Eiffel - drôle d’idée, quand le 7ème arrondissement a été totalement épargné par les rafales de kalach’- en vrai, pour bien faire, ces personnes auraient dû se faire tatouer une chope de bière).
Quand je croisais des regards étonnés par mes nouveaux cheveux dynamiques, je disais sans trop savoir pourquoi : « C’est ma réponse à Daech ». Comme si Daech en avait quelque chose à braire que j’aie claqué 70 balles chez Toni and Guy.
Mais en m’apercevant que je n'étais pas la seule, je me suis dit que si, en fait, c’est un peu ça : une révolte, ou à tout le moins une affirmation. Celle du droit à disposer de son corps, à ne pas répondre à des critères de féminité stéréotypés… Finalement, c’était pas plus con que de dire « on va boire des coups en terrasse pour résister ».