Ton nouvel ami chômeur
Les amis de tes amis sont tes amis : je suis ton nouveau copain chômeur. Carte de demandeur d’emploi en poche, je peux m’envoyer un film sud-coréen à la séance de 10 heures du mat, puis flâner avec négligence dans une expo d’art contemporain à 25 balles, au rythme de la visite guidée d’un groupe de retraités piétinants. J’ai le temps pour décrypter ce classique de la littérature que tu crois honnêtement avoir lu, et passer sans remord la nuit a enchaîner les épisodes de la dernière série télé scandinave.
Animé par mon sens civique (et oui, certes, par un poil de culpabilité) ; il me semble opportun et d’intérêt commun de te faire enfin bénéficier du retour légitime que tu es en droit d’exiger, toi qui chaque mois sacrifie une partie conséquente de ton salaire brut pour entretenir une masse grandissante de traîne-savates. #karma.
Qui plus est, à l’aube d’une révolution du droit du travail, la roue de nos destins respectifs pourrait tourner bien plus vite que prévu.
Ô toi : honorable maître contribuable, qui me permet avec indulgence de jouir de mon statut de parasite, je serai ton humble goûteur dévoué. Au banquet opulent de la culture, je t’épargnerai l’indigestion..
Imagine alors : un puits sans fond de connaissances dans lequel tu pourras puiser sans risque afin de satisfaire ta soif culturelle, briller en société, impressionner une future belle-mère exigeante et conclure sans embûche un flirt maladroit et pauvrement engagé.
La 1ère chronique de ton ami chômeur, ici (c'est La Petite femelle, de Philippe Jaenada)