Accéder au bonheur en rangeant ses chaussettes. Mais en les rangeant bien.
La magie du rangement, de Marie Kondo. Requête de Benjamine.
"Ma collègue de bureau m'a offert un bouquin sur "La magie du rangement", et me demande chaque semaine ce que j'en pense. Je t'assure, chère amie, que j'y ai mis du cœur, je suis même allée jusqu'à la page 90. Mais je n'en peux plus. Pourtant les citations dithyrambiques de journaux réputés "sérieux" m'intriguent. Et si, en ne le lisant pas jusqu'au bout, je passais à côté de ma vie ?"
Pour changer de vie et accéder au bonheur, on connaissait déjà la méditation, le végétarisme, ou encore le divorce. Eh bien mazel tov, le grand supermarché de la consommation accueille une nouvelle méthode. Elle consiste à ranger ses affaires.
« Mettez en ordre votre maison et découvrez ce que vous voulez vraiment faire de votre vie », annonce crânement l'auteur de La Magie du rangement. Amie lectrice, ce livre a failli me rendre épileptique, rends grâce à l'instinct de survie qui t'a fait interrompre ta lecture.
Pourtant je n'étais une mauvaise cible. Au rythme d'un déménagement par an, j'ai adopté la doctrine de Tyler Durden : "Les choses que tu possèdes finissent par te posséder". Marie Kondo professe le tri par le vide avec une radicalité qui pouvait me séduire.
Elle recommande de prendre chaque tee-shirt, chaque livre, chaque stylo entre les mains, et de ne le conserver que s'il répond favorablement à la question : "Est-ce que cet objet me met en joie ? ". Pas évident. J'aime mon presse-ail, mais puis-je affirmer qu'il me met en joie ?
La deuxième étape consiste à déterminer une place pour chaque objet qui aura trouvé grâce aux yeux de son propriétaire. "Aussi incroyable que cela puisse paraître, il vous suffit de connaître une seule fois l’ordre parfait afin de conserver votre logement en l’état", écrit l'auteur. Soit. Mais 352 pages pour dire ça, c'est 351 pages de trop.
Marie Kondo est Japonaise. Je veux bien que ce soit une autre culture, mais là, nous avons affaire à une psychopathe. Une femme qui parle à ses vêtements, qui range son portefeuille dans une boite quand elle rentre chez elle. Un individu capable d'écrire, je cite : « La lecture de magazines pour ménagères est devenu mon passe-temps favori ».
Amie lectrice, j'ai néanmoins pris au sérieux la mission que tu m'avais confiée. Aussi, quand il faudra dire à ta collègue l'enseignement que tu as tiré de ce livre, tu pourras lui dire que l'astuce qui consiste à plier les vêtements "sur la tranche" a métamorphosé tes tiroirs. Je l'ai fait ; ça prend effectivement beaucoup moins de place. La preuve ci-contre. Je peux maintenant ranger un chat de taille adulte à côté de mes chaussettes (ou autre chose).
Maintenant, que cet ouvrage se soit vendu à plus de deux millions d'exemplaires reste un mystère. Un de plus. N'y pensons pas trop.