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Abdullah Öcalan est-il un terroriste ?


"Pourquoi est-ce que les gouvernements turcs, depuis des dizaines d'années, détestent les Kurdes? Abdullah Öcalan (fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan) est-il vraiment un terroriste ?"

Requête de A., traitée par Louis, un mec qui en connait un rayon en restau kurdes. Abdullah Öcalan a été un terroriste. Il a fait lancer un certain nombre de bombes contre des soldats et des flics turcs, et contre des Kurdes qui n'étaient pas de son bord. C'était sale. Mais maintenant il ne l'est plus. Il est en prison. Il négocie avec le gouvernement turc. Il écrit.

On peut se procurer gratis ses écrits dans les restaurants kurdes du 10 arrondissement de Paris, qui sont empilés à côté d'une petite boite de conserve à fente dans laquelle on glisse une pièce pour la cause.

Il est le théoricien de l'"autonomie démocratique", qui est l'une des pointes avancées des gauches mondiales. Grâce à lui, les municipalités kurdes tenues par des partis affiliés au PKK sont dotées de conseils ouverts aux gays, lesbiens et trans (oui, il existe des trans kurdes et le parti les encourage), aux fermiers bio, aux anti-G8, aux féministes, aux circuits courts et au syndicalisme libertaire. Ça fait un peu chier les entrepreneurs du cru.

Derrière ces conseils, il y a des types à moustache et vestes treillis, qui sont les vieux copains d'Öcalan, qui sont dans les monts Kandil en Irak, et qui parlent encore comme les guérillas marxistes des années 70.

Pourquoi les gouvernements Turcs les détestent ? Parce qu’ils sont passionnés par la "turcité". C'est un peu comme la République française, en plus raide. Tu es arabe si tu veux, musulman, voilée, mais tu es surtout Français. Et ferme ta gueule.

Le Kurde, depuis la fondation de la Turquie moderne (post-première guerre mondiale, fin de l’empire ottoman, fin de la politique des minorités) est un "turc des montagnes". Il n'a pas de langue autre que le turc (quoiqu'avec un accent des montagnes). On ne peut pas le massacrer comme les Arméniens, pas le foutre à la mer comme les grecs, mais il fait tache dans la turcité.



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