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A Istanbul, on se paye des loukoums et des implants capillaires


Ami lecteur, il y a un mois tout pile, Istanbul était victime d’une attaque terroriste sanglante. Du coup, je ne t’ai pas fait part de mes observations sur cette ville que je venais de découvrir, et que j’ai opportunément quittée quelques jours avant l’attentat.

Ton amie journaliste se rappelle très bien avoir dit « non mais Istanbul c’est safe » à sa grand-mère qui s’inquiétait. Bon. Il faut reconnaître que ça devient compliqué de choisir ses destinations de voyage.

Si tu devais visiter cette ville que je te recommande, ami lecteur, voici ce que je voulais t’en dire :

> Pour ses trottoirs, la municipalité d’Istanbul a sélectionné les revêtements de sol en fonction de leur pouvoir glissant. Des dalles, des pavés… Pour peu que le fond de l’air soit humide (et le fond de l’air est humide), on patine sévère, les cours des mosquées étant les plus dangereuses. Ton amie journaliste a réalisé quelques figures intéressantes, que Surya Bonaly n’aurait pas reniées. Cette ville glisse. Je ne sais pas comment l’interpréter. 

> La mosquée bleue est sublime. Et elle sent les pieds, comme m’en avait averti un bon ami. Les hommes y prient sous une grandiose coupole, les femmes derrière les casiers à chaussures.

> Ton amie journaliste a observé quelques phénomènes de voile intéressants. Par exemple une femme, entièrement voilée, dégustant un cône de glace. Elle soulevait la voilette recouvrant le bas de son visage, et, naviguant au hasard, acheminait sa glace vers la bouche et/ou alentours. Chaud patate. Ton amie journaliste n’a pas su si elle avait des lingettes pour remédier aux inévitables ratés.

> A Istanbul, on croise des centaines de chats et de chiens errants. Mais aussi une autre sorte de faune, tout aussi fascinante...

La première fois que j’ai vu un homme qui portait un bandage blanc sur l’arrière du crâne, je me suis dit « tiens, il a dû avoir un accident ». Puis je me suis dit « tiens, son ami aussi. Ils devaient être ensemble dans la voiture ». Après dix-sept victimes croisées dans le grand bazar d’Istanbul, j’ai conclu qu'il devait s'agir d’un carambolage. Mais la blessure étant la même partout, la vérité devait être ailleurs.

Beaucoup des accidentés portaient des chapeaux, mais pas tous, ce qui m’a donné l’occasion d’observer le sommet de leur crâne. Il était constellé de centaines de minuscules croûtes. Épiphanie : ces hommes sont tous venus à Istanbul pour réaliser des implants capillaires.

Renseignements pris, il s’agit en effet d’un tourisme médical très populaire à Istanbul, les chirurgiens locaux pratiquant des tarifs défiant toute concurrence. On aperçoit aussi quelques nez refaits à neuf, encore emballés dans du sparadrap.

D’Istanbul ami lecteur, on rapporte donc des loukoums, des savons, une jolie lampe, et quelques cheveux.



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