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Un Français et un faux scandale


Un Français, de Diastème 

Avec ce film, ton amie journaliste est passée à deux doigts de s'auto-faire pitié (si).

Il y a deux semaines, le réalisateur d'Un Français, Diastème, publiait sur son blog un billet très amer dans lequel il expliquait que les exploitants de salles de cinéma ne voulaient pas de son film. Par peur, expliquait-il. Peur que l'histoire, celle de la vie d'un skinhead néonazi, ne suscite du bordel d'une manière ou d'une autre.

Et c'est là, ami lecteur, qu'on voit bien qu'on est tous un peu tendus du slip sur le thème de la liberté d'expression. Mes confrères journalistes ont relayé l'information à gogo, si bien qu'un simple billet de blog a immédiatement dégoupillé les mots "censure" et "collaboration". Diastème a même été invité au "Grand Journal" -800 000 téléspectateurs- pour défendre son film.

Ton amie journaliste a une affection immodérée pour le bonhomme, car il était chroniqueur dans le magazine de génie qui a bercé mon adolescence, le Hara-kiri déguisé en Biba, j'ai nommé 20 ans. Comme les autres, j'ai sauté sur mon téléphone et appelé le distributeur pour éclaircir cette affaire.

Après une enquête minutieuse d'environ quatre minutes, j'ai abouti à la conclusion que le nombre de salles - soixante- était parfaitement normal pour un film de cet acabit, qu'aucun exploitant n'avait déprogrammé le film, et qu'il y avait quand même huit avant-premières. Trop tard, la polémique était lancée.

Elle a au moins eu le mérite de susciter de nouvelles projections pour la presse ; je suis allée voir le film. Les vingt premières minutes sont très réussies. On est pris à la gorge. Marco (Alban Lenoir) et ses potes terrorisent les clients maghrébins d'un café, savatent, insultent, assassinent. Ils serrent les mâchoires, ils suintent de haine. C'est très bien filmé, très bien joué ; glaçant.

Ensuite commence le temps de la rédemption. Et le problème, c'est qu'on ne comprend pas bien ce qui déclenche le processus chez Marco. Une crise d'angoisse, une rencontre avec un pharmacien bienveillant, et le voilà qui se met à prendre ses distances avec ses amis fachos. Plus sa barbe pousse, plus il devient sympa... C'est chouette, mais on n'y croit pas des masses, et le film s’appauvrit à mesure que son personnage principal se range. Dommage.

Ça sort aujourd'hui, et ça ne mérite ni un boycott, ni un enthousiasme démesuré. Détendons-nous, camarades.



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